Afin d’étudier la systématique des échelles musicales d’Afrique centrale, notre équipe au LACITO (Laboratoire de Langues et Civilisations à Tradition Orale, CNRS) a développé depuis 1989 une méthodologie expérimentale interactive visant à se substituer aux méthodes d’enquête conventionnelles, fondées sur la verbalisation et les mesures acoustiques. Cette méthode s’inscrit dans une perspective de modélisation par voie de synthèse et repose sur la simulation in situ d’instruments de musique traditionnels, au moyen des technologies musicales numériques répondant à la norme MIDI (synthétiseurs, échantillonneurs, séquenceurs, ordinateurs). S’appliquant essentiellement aux instruments à lames, l’usage de cette méthodologie a été rendu posible grâce à l’aménagement d’un synthétiseur DX7-II, transformé en xylohone au moyen de plauettes de bois fixées sur son clavier. Ainsi modifié, le synthétiseur pouvait être joué par les musiciens traditionnels avec leurs propres mailloches ; qui plus est, les instrumentistes étaient à même de valider de nombreux modèles d’accord que nous leur soumettions et, le cas échéant, de réaccorder le synthétiseur à leur gré (Arom 1991a, 1991b ; Arom & Fürniss 1992, 1993 ; Dehoux & Voisin 1992, 1993).
Sur la base des expérimentations effectuées en Centrafrique en 1989 et 1990, une premièere étape à consisté à élaborer un modèle d’accord et de timbre des différents xylophones de quatre ethnies centrafricaines (Manza, Gbaya, Ngbaka-Manza et Banda Gbambiya). Par la suite, en 1992, un modèle d’accord commun a été validé auprès de sept communautés ethniques centrafricaines...
De l’Afrique à l’Indonésie : expérimentations interactives sur les échelles musicales
Frédéric Voisin : pré-publication des actes de 3rd International Conference for Music and Cognition (ESCOM), Liège, juillet 1994
Voir en ligne : European Society for the Cognitive Sciences of Music